Seule en scène, la comédienne Marion Thomas digresse à partir de ses considérations intimes face à un monde déréglé et réchauffé vers ses réflexions appuyées sur des expériences scientifiques pour nous téléporter en 2050. Dans un monde où l’eau des océans sera monté de trois mètres et les températures de trois degrés, où les animaux ont presque tous disparu. Ici que nous reste-t-il ? Un avenir sale et monstrueux ? Marion Thomas prend le contre-pied des récits apocalyptiques et dystopiques pour nous proposer une cure d’imagination où êtres humains, machines et animaux fabriquent un espace commun libérateur. Nous sommes les amazones du futur livre une réflexion sincère et joyeuse sur nos responsabilités écologiques et nous rappelle que l’avenir n’est pas encore joué.
Nous sommes les Amazones du futur existent en deux formats différents: la forme spectaculaire d’une heure et quinze minutes pour les salles de théâtre et la forme tout terrain de cinquante minutes, beaucoup plus légère techniquement, pour les écoles d’ingénieur, l’extérieur et les amphithéâtres.
Le futur, mais bien
Marion se téléporte en 2050. Dans un monde où l’eau des océans est montée de 3 mètres, où les températures ont augmenté de 3 degrés en moyenne et où la plupart des espèces d’animaux ont disparu. Elle vit seule avec son sac à dos Quechua et parcourt les paysages dévastés de notre civilisation, s’arrêtant à l’ombre d’une forêt pour manger une boite de conserve ou pour écouter une dernière fois sa chanson préférée, avant que son téléphone ne tombe à court de batterie.
Le quatrième mur finit par s’installer et on bascule entièrement dans la fiction. La performeuse embarque le public en 2500, les conditions de vie sont déprimantes mais elle et sa nouvelle tribu sont bien décidées à vivre le mieux possible. Le public assiste à une cérémonie festive dans les steppes, où on boit joyeusement de l’alcool de haricots. Il entend parler d’hybridation avec des rats et de rituel étrange sur une plage.
La fiction expérimentale
Le texte est écrit comme une suite de digressions et de réflexions improvisées. La fiction s’insère peu à peu dans ce fil, Marion fait des allers-retours entre narration et incarnation. La fiction qui est racontée n’est pas innocente, dans le sens où elle s’appuie sur des éléments scientifiques et historiques qui servent de cadre à une fiction expérimentale au sens le plus littéral du terme. Il s’agit de complexifier les données implicites à la question : Quel monde voulons-nous construire ?
Car tenter de répondre à cette question, c’est aussi répondre à la question avec qui voulons-nous l’habiter et quelles relations on veut tisser avec ce ‘‘qui’’. Parler d’un monde que l’on partagerait plus équitablement avec les animaux par exemple, c’est aussi accepter de s’inscrire dans un continuum de relations de domination et de douleurs infligées.
Imaginer d’autres futurs que celui de la désolation c’est bien joli mais c’est pas si facile. Nous avons donc conçu un jeu de cartes que nous utilisons pendant les répétitions et que nous partageons également avec le public lors des sorties de résidence associées à ce projet.
On se met en petits groupes et on élabore ensemble un scénario du futur dans le territoire délimité par les cartes que l’on a tirées. Le but de l’exercice est de libérer nos imaginaires en s’amusant.