Troisième création du FRAG, en collaboration avec le TU, dans le cadre d’APPUIS ; dispositif d’accompagnement d’un projet par des professionnels.  Il s’agit de poursuivre l’exploration, déjà entamée avec nos précédentes réalisations. Tout d’abord, mêler intimement la musique au discours théâtral, en faire un langage scénique, qui révélera un des multiples sens de lecture de la pièce. Nous avons donc construit le texte et la musique de concert, dans une collaboration dialectique.

Cette nouvelle création est une nouvelle fois un texte original, écrit à quatre mains; librement inspiré de KUBARK (publication du manuel de manipulation mentale et de torture psychologique de la CIA). C’est donc un sujet fort qui est porté à la scène, une représentation atypique de l’univers carcéral. Il s’agit de traiter des sujets graves et sérieux, qui nous interpellent, de manière poétique et volontairement désynchronisée. Et donc, pas de tortures sanguinolentes, pas de violence; mais un duel entre Éric et le Cyclope, figure mythique du geôlier. Parce qu’il faut faire du prisonnier un patient créé intentionnellement, qu’il faut le rendre désespéré, fou de crainte et de fragilité, le persuader qu’il a besoin d’aide; le Cyclope sera à la fois bourreau et psychiatre. On comprendra avec Éric qu’un individu absolument individuel, privé du monde et d’autrui, perd la possibilité de s’individualiser et se dissout. « Un sujet rendu perversement autonome, replié sur lui-même dans une circularité parfaite du bourreau et de la victime tend à imploser de l’intérieur » nous spécifie d’ailleurs le manuel. Mais des tortures quand même, qui prendront la forme de recette de cuisine ou de chanson des années 80. Car il faut entretenir l’ambiguïté en se faisant télescoper les références.

Les deux trailers du spectacle :